lundi 17 octobre 2016

J'ai un rêve . . .

la photo date de mars 2015 mais
symbolise un bon moment passé
 juste à profiter
du soleil au parc
Comme beaucoup de monde, j’ai un rêve. Je dirais même comme beaucoup de mère, j’ai un rêve simple : le rêve de pouvoir profiter de mes enfants.
Cela peut surement vous paraître bizarre, car je les vois tous les soirs, tous les week-ends et une bonne partie des vacances scolaires (j’ai la chance d’avoir pas mal de congés, 8 semaines en tout sur l’année). Mais souvent j’ai l’impression de passer à côté, de ne pas avoir le temps de profiter d’eux, de les voir grandir. J’ai souvent l’impression de faire le juste nécessaire pour leur assurer un confort physique et moral. J’ai peu le loisir de juste profiter d’être là avec eux, de faire des choses sans être pressée par le temps ou les contraintes matérielles.
Je ne me plains pas, je dirais même que j’ai surement beaucoup de chance :
  • J’ai un mari qui participe aux tâches ménagères
  • J’habite à 3km de mon boulot (donc pas de temps perdu en transport)
  • J’ai un travail avec quelques avantages (notamment les congés) et un salaire convenable qui nous permet de ne pas trop nous contraindre
  • J’ai même du temps pour faire des activités pour moi (la couture notamment)
Pourtant, quand je rentre le soir ou le week-end, j’ai l’impression que nous sommes tout le temps pressé pour faire les devoirs, pour aller aux activités, pour préparer le repas, pour s’habiller, pour prendre les douches, pour aller se coucher, etc. (vous les mamans, vous devez malheureusement connaitre cela aussi bien que moi).
Je ne sais pas si cela est dû à notre organisation, notre mode de vie, la conjoncture économique, le fait de vieillir (j’ai quand même eu 40 ans cette année, je suis vieille maintenant comme me l’a dit mon fils l’autre soir) mais j’aspire parfois (souvent) à autre chose, à un peu moins de contraintes, plus de temps pour juste profiter.
Parfois, je regrette le temps où j’étais en congés maternité (après la naissance du dernier) et où je pouvais aller chercher les 2 grands à la sortie de l’école, prendre le temps de gouter, de faire les devoirs, de se raconter nos journées et de faire les choses qui devaient être faite tranquillement en ayant le temps d’en profiter le soir et le week-end.
Pour autant, je n’imagine pas ne pas essayer d’offrir à mes enfants des distractions multiples (activités, sorties, etc.), ni de ne pas travailler.
J’ai donc le rêve d’un travail qui :
  • me laisserai l’autonomie de faire ce que je dois faire en conjuguant mes obligations familiales et mes objectifs professionnels,
  • me permettrai d’avoir assez d’argent pour garder le même niveau de vie qu’actuellement
  • me permettrai de conjuguer mes passions, mes envies avec le fait de prendre du temps pour profiter de mes enfants, de les voir grandir, d’échanger avec eux.
Bref, je rêve ☹

A moins de gagner au loto et de pouvoir monter ma boite sans risque pour ma famille, je sais que ce n’est pas possible mais j’avoue que certains jour c’est plus difficile que d’autres.

mardi 11 octobre 2016

Harcèlement scolaire : mon expérience de maman

Il y a quelques semaines un film est passé à la télé : Marion, 13 ans pour toujours. J’avoue je ne l’ai pas regardé, ce sujet est trop difficile pour mon cœur de maman. 
Depuis la diffusion de ce film, je vois beaucoup de discussion sur les réseaux sociaux de personnes qui le vivent, ou qui ont un avis sur la question. Du coup, j’avais envie de partager avec vous ma modeste expérience. Je dis modeste car nous avons eu la chance d’en sortir (au bout de 2 ans) en changeant d’école et sans trop de séquelles. Malheureusement ce n’est pas le cas de tout le monde et quand je lis quelques témoignages je crois que dans notre malheur, nous avons eu de la chance.

Voilà notre histoire :
Il faut savoir que notre fille a un retard de croissance, donc lors de sa rentrée en CP elle avait la taille d’une enfant de 3 ans. Elle se retrouvait donc avec des enfants de 6 à 10 ans (voir plus puisqu’il y avait dans son école une classe de CLIS). Le jour de la rentrée en CP à 8h30, nous voilà donc arrivés dans sa nouvelle école avec 450 autres élèves (environ et presque autant de parents) entassé dans la cour en essayant de savoir quoi faire. Nous avons fini par trouver son nom sur une liste et attendu la maîtresse avec elle. Une autre maman a eu la délicatesse, en voyant que nous attendions au même endroit, de me demander où était mon enfant qui rentrait en CP. Je lui ai présenté Anaïs. Quelle ne fut pas ma surprise quand cette « charmante » dame m’a agressé en me disant qu’elle ne devrait pas rentrer en CP à son âge et qu’elle devrait continuer en maternelle. J’étais tellement surprise que j’ai juste réussi à lui dire qu’elle aurai 3 ans en décembre et qu’elle était plus que prête pour le CP. Déjà cela m'a mise dans l'ambiance et dans de bonnes dispositions pour l'appréhension de sa scolarité.
La première journée se passe, je récupère ma fille le soir après l’école. J’essaye de savoir comment c’est passé sa journée, si elle a retrouvé des copines (malheureusement non elle n'en a pas dans sa classe), si la maîtresse a l’air gentille, où elle est placée dans la classe (au fond parce qu’elle est rentrée la dernière). Je n’ai pas beaucoup de réponse mais elle fait ces premiers devoirs avec plaisir donc je ne m’inquiète pas. Le lendemain, je la dépose à l’école en pleurs et heureusement une de ses copines de maternelle arrive et l’accompagne dans la cour. Je pars au boulot le cœur un peu lourd mais je me dis que c’est juste passager et qu’elle va vite se faire de nouvelles copines et trouver ses marques.
Tous les matins c’est pareil : des pleurs à m’en fendre le cœur, elle s’accroche à moi et avec une ou 2 copines de maternelle nous arrivons à la faire entrer dans l’école. Plusieurs fois, j’ai demandé aux maîtresses qui s’occupent de l’entrée de la prendre en charge pour qu’elle puisse être rassurée d’être avec d’autres adultes mais ce n'est pas leur rôle ou elle se contente de la déposer derrière la grille. J’en parle à la maîtresse lors de la réunion de rentrée pour savoir comment cela se passe en classe. Là j’apprends qu’Anaïs s’est perdue dans l’école le premier jour parce qu’elle ne trouvait pas sa classe après la récréation (personne ne m’avait prévenu) et qu’elle était restée dans un couloir en pleurant jusqu’à ce qu’une personne d’entretien la voit  mais qu'elle n’avait rien remarqué d'autre, que c’est une petite fille très calme et un peu timide. Je lui parle aussi du fait qu’elle est derrière et qu’elle ne voit pas toujours au tableau parce qu’il y a un grand devant. La maîtresse en prends note.
L’année avance avec quelques petits incidents et toujours des difficultés le matin pour aller à l’école : des pleurs, des maux de ventre, des maux de tête (quelques absences à cause de ça). Je me pose des questions mais je ne veux pas faire la mère angoissée et chiante à toujours questionner la maîtresse mais j’avoue je m’inquiète pour ma fille. Quelques exemples :
  • Le jour de la photo de classe, ma fille qui est propre sans jamais un seul accident depuis ces 2 ans, se fait pipi dessus. Pourquoi ? personne ne sait.
  • Un matin, je regarde de l’extérieur de la grille comment cela se passe et je vois un groupe de grands enfants venir vers Anaïs, la prendre dans leurs bras, la porter comme si c’était une poupée. J’essaye d’interpeller les maîtresses qui surveillent l’entrée de l’école mais elles m’ignorent (ou ne m’entendent pas). Ma fille ne dit rien comme si elle était en chiffon, heureusement quelques copines interviennent et « reprennent » ma fille pour l’emmener jouer avec elle.
  • Quasiment chaque semaine, je dois refaire la trousse complète qui est vide. Elle perd ses affaires de classe, ses gilets.
Courant janvier, je prends RDV avec la maîtresse pour savoir comment cela se passe en classe car nous, à la maison, on commence à vivre un enfer. Je suis arrêtée car je suis enceinte de N°3 et du coup, j’en profite pour aller chercher les enfants à l’école à 16h30. C’est donc moi qui supervise les devoirs maintenant et j’avoue que ce n’est pas une sinécure. Elle refuse catégoriquement de les faire avec des pleurs, des cris. Pourtant elle aime apprendre ça c’est une certitude. Mon RDV avec la maîtresse me laisse un gout amer et une impression mitigée. D’après la maîtresse, Anaïs est une élève modèle qui ne fait pas de bruit en classe, ne parle que si on lui demande et assimile très bien les choses. J’ai même droit à un « Si tous les élèves était comme elle, notre métier serait vraiment plus simple ». je lui parle du comportement d’Anaïs à la maison : les pleurs matin et soir pour ne pas aller à l’école où ne pas faire ces devoirs, je lui raconte l’histoire de la cour de récréation, le fait que ses affaires disparaissent en permanence et j’avoue que ses réponses me laissent perplexes et me culpabilisent aussi un peu :

  •  Ma fille ne veut pas aller à l’école parce qu’elle va avoir un petit frère et qu’elle me le fait payer (prends ça dans ta tête mère indigne),
  • c’est normal qu’elle perde ses affaires parce qu’elle a encore du mal à s’organiser et qu'elle ne peut pas tout porter (j’ai qu’à apprendre à ma fille à faire attention à ses affaires et trouver des solutions pour qu'elle s'adapte)
  • ce n’est pas méchant de la part des grands c’est surement la classe de CLIS parce qu’ils aiment bien Anaïs parce qu’elle est petite (tout ce qui est petit est mignon et puis ils sont pas méchants, ils sont juste limités)

L'année passe mais les pleurs et les ennuis s’amplifient pour nous. Je prends sur moi en me disant que c’est un peu de notre faute, qu’on ne sait pas gérer (quelle idée de faire un petit frère l’année de l’entrée en CP). Les maux de ventre s’intensifient, ma fille ne veut plus s’endormir le soir parce qu’elle ne veut pas aller à l’école le lendemain, le matin elle pleure et elle ne veut pas manger. Elle est malade en permanence; maigri. La pédiatre que nous avons à cette époque n’est pas vraiment d’une grande aide et tout aussi culpabilisante.
Désespérés de ne pas avoir de solution qui nous sont proposées, nous décidons de faire une demande pour inscrire notre fille dans l’école privée de notre ville. Bien sûr elle est rejetée et c’est trop tard pour la rentrée prochaine.
L’année se termine, les vacances se passent très bien plus de pleurs, plus de maux. 
La rentrée arrive et le calvaire recommence. Les affaires de ma fille continuent de disparaître, ses vêtements sont abîmés (découpés, griffonnés, etc.). Elle oublie ses affaires pour faire ses devoirs qui ne sont pas fait à l’étude. Je prends RDV avec la maîtresse qui me tient à peu près le même discours que celle de l’année d’avant : « si tous les élèves pouvaient être comme Anaïs se serait super, elle ne parle pas en classe, travaille et comprends très bien. » Du coup, Anaïs doit s’occuper d’un camarade qui a des difficultés. Je lui parle des devoirs, des affaires oubliées, etc. Pour elle pas d’inquiétude, les devoirs sont fait à l’étude puisqu’Anaïs aide justement son camarade et elle vérifie le cartable du petit garçon donc elle  en est capable. Et puis pour elle, ce n’est pas grave puisqu’elle n'a pas besoin de travailler en dehors de la classe (les devoirs c’est fait uniquement pour ceux qui en ont besoin).
Les incidents se multiplient, Anaïs ne dit rien, elle s’enferme de plus en plus. Je n’en parle pas non plus de peur d’aggraver le problème et de focaliser sur ce qui ne va pas. Je suis un peu perdue aussi.
Un jour, elle revient avec une mèche de cheveux coupée, elle me dit que c’est un petit garçon (elle refuse de le nommer) qui jouait avec ses ciseaux et qu'il n'a pas fait exprès. A chaque petits incidents que je remarque et où j'essaye d'en savoir un peu plus, ma fille minimise en me disant que ce n’est pas la faute des autres. Chaque fois que je m’aperçois de quelque chose, je lui demande si elle l’a dit aux adultes responsables mais quand elle veut bien me répondre j’ai droit à un « non parce qu’elles sont occupées et qu’elles ne m’entendent pas ».
J’essaye d’avoir un RDV avec la maîtresse mais elle ne voit pas l’intérêt car tout se passe bien avec Anaïs. Je mets des mots dans le cahier et les réponses sont quasiment toujours les mêmes, « elle en prend note ». 
Jusqu’au jour où ma fille rentre avec des marques de strangulations et de griffures sur le cou. Pour la première fois, j’ai un mot de la maîtresse dans le cahier : « Il y a eu un incident aujourd’hui dans la cour, le jeu a dégénéré. Le petit garçon a été puni ».
Je boue à l’intérieur, je suis prête à exploser. J’appelle pour savoir ce qui s’est passé. On me raconte que pendant la récréation, les enfants jouaient à Cola-maillard et un garçon s’est laissé emporter par le jeu et qu’il a serré trop fort Anaïs en l’attrapant. Qu’Anaïs allait bien donc ils ne nous ont pas appelé. Je fulmine, je me demande ce qu'ils attendent pour réagir. La punition s'est résumée à obliger le fautif à faire des tours de cour à la récréation d'après.
J’en parle à la mère d’un copain de mon fils qui est institutrice. Elle parait gênée m’explique qu’effectivement ce n’est pas facile de gérer des enfants un peu difficile que les moyens manquent, que les maîtresses font ce qu’elles peuvent, etc. et elle me conseille avec beaucoup d'honnêteté de tout faire pour mettre ma fille dans le privée, ce sera plus facile pour elle. J’en parle à notre nouvelle pédiatre, qui nous envoie consulter un pédo-psy. 
Il m’explique ce que je savais déjà qu’Anaïs a du mal à trouver sa place et à se défendre, qu’heureusement elle a quelques copines qui l’aident à se défendre. Qu’il y a des enfants qui l’embêtent et qu’elle n’ose pas se plaindre, qu’elle ne se sent pas légitime de dire quelque chose car à l’école on lui explique que ce n’est pas grave. Il ne prononce pas le mot d’harcèlement scolaire mais me dit qu’il faut faire attention. Ma fille a peur d’aller à l’école, non pas parce qu’elle ne veut pas apprendre, bien au contraire elle adore ça, mais parce qu’elle a peur de ce qui va lui arriver dans la cour et dans la classe. Il me dit que tant qu’elle a des copines, ça ira et que si l’on sent qu’elle s’isole il faudra agir plus fort.
J’ai repris RDV avec la maîtresse et la directrice de l’école. J’ai eu peu de répondant de leur part, je suis ressortie de l’entretien encore plus découragée. Elles ont avoué qu’elles ne pouvaient pas faire grand-chose, qu’il fallait qu’Anaïs reste à côté des maîtresses dans la cour et qu’elle apprenne à se défendre. A partir de là, nous n’avions plus qu’un seul objectif : la changer d’école (et heureusement nous y sommes parvenu). Tous les matins, nous donnions des consignes assez hallucinantes à notre fille pour qu’elle se défende un peu plus "si quelqu’un essaye de te serrer ou te porter tu te mets à crier, si on te tape, tu cries, etc."
Le cri était devenu une sirène d’alarme pour faire fuir les autres enfants, se protéger et attirer l’attention des adultes présents. 

Pour la rentrée en CE2, nous avons réussi à avoir une place dans l’école privée de notre ville. La rentrée a été un peu difficile (une petite fille en pleurs qui s’accroche à sa maman, ce n’est jamais très facile). La maîtresse a été géniale. Elle est venue chercher ma fille, s’est mise à sa hauteur lui a parlé et lui a donné la main pour l’accompagner dans la classe. Le soir, elle est venue m’expliquer que la journée s’était bien passée mais qu’il y avait eu un incident. Anaïs s’était mise à crier et à pleurer dans le couloir en rentrant après la récréation. Un garçon lui avait dit qu’elle était petite comme un bébé et qu’elle devait retourner en maternelle. Le petit garçon a été réprimandé pour sa mauvaise blague et elle en a profité en classe pour parler des différences pour leur apprendre que l’on ne juge pas sur l’apparence.
En à peine 15 jours, ma fille était métamorphosée : souriante le matin et le soir, contente de nous raconter sa journée et elle avait de nouvelles copines (chose qu'elle n'avait pas réussi à faire en 2 ans dans son autre école). Elle m’a même dit un jour que nous étions toutes les 2 « Maman, c’est bien cette nouvelle école, c’est pas le bazar et les autres ils respectent les consignes ». 7 ans et déjà plus lucide que sa maman :-) 

J’avoue que j'ai l'impression de ne pas mettre assez battue pour ma fille. J’avais peur d’être jugée comme une mère insatisfaite et râleuse. Je me suis contentée d’agir pour limiter l’impact mais j’ai l’impression de n’avoir rien fait pour changer la situation. Je n’en veux pas à l’équipe enseignante qui je pense à baisser les bras et oublier de prendre en compte les individus qu’ils ont en face d’eux pour ne gérer qu’une classe. Je pense qu’il y a un réel problème d’accompagnement des élèves en difficultés et que malheureusement ce sont les enfants comme ma fille qui en pâtissent. Je n’ai pas de solution pour que cela ne se reproduise et je sais que cela va arriver à d’autres enfants mais je peux juste dire aux parents de ne pas culpabiliser, de ne pas laisser faire et de protéger leurs enfants. L’école n’est pas un sanctuaire, vous avez le droit de demander des explications, d’exiger des changements, d’y prendre part. Même si cela n’est pas facile  .......
....................... mais qui a dit qu’avoir des enfants c’était facile !